Les chiroptères d'Europe

Les chiroptères ou chauves-souris sont les seuls mammifères réellement volants. De par le monde, il en existe environ 970 espèces, la plupart vivent dans les zones tropicales. En France, on en dénombre 37 espèces différentes.

Les chauves-souris d’Europe consomment de grandes quantités d’insectes. Une pipistrelle pesant à peine 6 grammes capture environ 500 grammes d’insectes en une saison et un grand murin peut consommer jusqu’à 40 carabes en une nuit. Chaque espèce a un type de proie, une taille de proie et une méthode de chasse spécifique, ceci évite toute compétition alimentaire entre les espèces et permet leur présence simultanée sur les mêmes territoires.


La nourriture des chauves-souris d'Europe est composée exclusivement d'insecte. Ceux-ci étant très rares pendant l'hiver, les chauves souris jeûnent pendant toute la mauvaise saison. Pendant cette période de disette, les chiroptères vont donc hiberner pour limiter leur dépense énergétique.
Leur température corporelle varie pour s'adapter à ce mode de vie :
- actifs, en été, elle avoisine les 40°C
- au repos, en été, elle peut descendre jusqu’à 27 à 30°C
- en hibernation, en hiver, leur température descend pour atteindre les 5 à 10°C.

Au cours de l’été et de l’automne, les chauves-souris ont accumulé des réserves et se sont enveloppées d’une couche de graisse qui peut représenter un tiers de leur poids à la fin de la belle saison. En octobre, elles rejoignent leurs quartiers d’hiver. Chez des chauves-souris en hibernation, les scientifiques ont pu mesurer une respiration toutes les heures et à peine 10 battements de cœur par minute. Ainsi endormies, les chauves-souris économisent au maximum leur énergie et peuvent se passer de manger pendant 4 à 5 mois.

Les chauves-souris utilisent un “sonar biologique” pour se diriger dans l’obscurité. Elles émettent un cri ultrasonore (par la bouche ou par le nez selon les espèces) et captent en retour (par les oreilles) l’écho renvoyé par les obstacles. Ces cris émis par les chauves-souris sont des ultrasons inaudibles par l’oreille humaine. Ce “sonar biologique” est très précis : une chauve-souris peut détecter un fil de 1/10 ème de millimètre ! Il lui permet également d’analyser la matière dont l’objet est constitué. Cependant les chauves souris ne sont pas aveugles, leurs petits yeux leurs permettent une vision diurne.

L’accouplement a lieu en automne, mais la fécondation des femelles est déclenchée par le réveil après l’hibernation, six mois plus tard.
En été, les femelles se réunissent en colonie, dans des endroits chauds (combles, arbres creux bien exposés…) pour mettre au monde et élever leur progéniture. chaque femelle donne naissance à un seul jeune en général. Les jeunes naissent après une gestation dont la durée varie en fonction des conditions climatiques (de 6 à 8 semaines). Ils passent la journée accrochés à leur mère, tétant alternativement les deux mamelles qui se trouvent au niveau des aisselles. La nuit, les mères laissent leur jeune au gîte pendant qu’elles s’alimentent. En cas de dérangement, les mères peuvent quitter le gîte de mise bas et toute la colonie peut se déplacer vers un lieu plus tranquille. Pour se faire, les mères s’envolent avec leur jeune accroché à leur pelage ventral et à leurs mamelles. Les jeunes sont généralement autonomes au bout de 5 à 8 semaines.
Pendant ce temps, les mâles vivent éloignés des colonies de reproduction et peuvent retomber en léthargie durant les mauvais jours.

La durée de vie des chauves-souris est relativement longue (de 4 à 5 ans en moyenne). Certaines chauves-souris peuvent même atteindre l’âge exceptionnel de 30 ans.

On a constaté en Europe, depuis les années 60, un déclin très rapide des populations de la plupart des espèces de chauves-souris. Cette régression peut être expliquée par :
- leur destruction directe,
- la disparition et l’empoisonnement des insectes,
- la disparition et le dérangement des gîtes d’élevage des jeunes (gîtes d’été),
- la disparition et le dérangement des gîtes d’hibernation.

Le dérangement des chauves-souris pendant l’hibernation peut conduire à leur mort. Différentes raisons peuvent l’expliquer :
- Le brusque réveil de l’animal en léthargie oblige ce dernier à faire passer son rythme cardiaque de 10 à 250 pulsations par minute en un laps de temps très court. Cet effort peut provoquer un arrêt cardiaque. Un réveil naturel s’effectue en plus d’une heure.
- Généralement, les chauves souris hibernent dans des lieux humides. Il se forme ainsi sur leur pelage un voile de gouttelettes d’eau dû à la condensation : cette rosée n’est pas en contact avec leur peau sauf si l’on touche l’animal ou s’il se réveille brusquement ; dans ces deux cas, l’eau pénètre dans le pelage et l’hypothermie brutale (baisse de température) qui s’ensuit peut provoquer la mort.
- Des réveils répétés durant l’hibernation conduisent l’animal à utiliser toutes ses réserves de graisse avant qu’il ne puisse s’alimenter normalement, aussi peut-il mourir d’épuisement avant la fin de l’hiver.
- des dérangements persistants peuvent également conduire les chauves-souris à fuir. Dans l’affolement, elles risquent non seulement de ne pas trouver un gîte de remplacement mais aussi de mourir de froid.


La protection des chauves-souris

Toutes les espèces de chauve-souris sont intégralement protégées par la loi française !

En 1991, le Conservatoire d'Espaces Naturels de Champagne-Ardenne (CEN CA) se créer, ses interventions visent à assurer la conservation et la mise en valeur des richesses biologiques, écologiques et paysagères par la mise en œuvre d’une gestion adaptée après acquisition, location ou conventionnement des terrains concernés.
Pour les chauves-souris, les milieux à préserver sont de trois types :
- les sites d'hibernation, indispensables à ces espèces qui, ne migrant pas vers les pays chauds durant l'hiver, ont un besoin vital de gîtes adaptés ;
- les sites de reproduction, indispensables au renouvellement de ces populations peu prolifiques et qui sont très sensibles à toute perturbation .
- les sites de chasse riches en insectes, indispensables à ces mammifères spécialisés dont les insectes sont l'unique nourriture.

Le CEN CA intervient ainsi sur les cavités souterraines hébergeant des chauves-souris en hibernation et sur les colonies de reproduction situées dans des combles de bâtiments.
Pour les cavités, des grilles ont été posées afin d'empêcher les dérangements humains. Le suivi annuel des populations, a mis en évidence, dès l’année qui suivait les aménagements, une augmentation du nombre de chauves-souris en hibernation.


Les chauves-souris sont d’excellents indicateurs écologiques de la qualité de notre environnement puisque chaque espèce a une écologie qui lui est propre. Seul un milieu naturel riche et diversifié permet la présence de nombreuses espèces de chauves-souris. Inversement, dès que les milieux sont dégradés et le paysage banalisé, le nombre d’espèces rencontré chute rapidement.
Partie intégrante de notre patrimoine naturel, les chauves-souris représentent un élément important de la biodiversité.